PRÉHISTOIRE ET PROTOHISTOIRE En 1981, les paléo-anthropologues et paléobiologistes envisagent de faire remonter l'éventuelle apparition des plus anciens australopithèques à 7 ou 8 millions d'années. En 1983, des spécialistes mettent en évidence le rôle de l'Afrique orientale et australe comme berceau présumé des premiers hominidés.
Les habitants de la vallée du Nil sont présents aux temps anciens. 800000 années av. notre ère, ils laissent, au niveau de la Troisième Cataracte, des traces d’outillage sous la forme de galets grossièrement taillés (avec un ou deux éclats d'enlèvement). Ils sont accompagnés d'ossements d'espèces animales, aujourd'hui disparues. Durant cette période, le matériel lithique apparaît sous forme de coup-de-poing. Quelques spécimens sont retrouvés à Khor Abou Anga, à la jonction du Nil Blanc et du Nil Bleu, et datés de 500000 à 300000 av. notre ère (correspondant à l'Acheuléen ou Paléolithique inférieur). Cependant, sur le plan de la chronologie, cet outillage se rattache à la période suivante, celle du Paléolithique moyen.
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Prehistorical scarved stones and ceramic fragments probably made at neolithic period. / Outillage lithique et tessons de céramique probablement élaborés au néolithique
Sandstone statuette digged out of neolithic graves usually of important persons, probably made in a pebble of river. Joy Soulé-Nan found a similar pebble in the Ouaddi Mathendous (Fezzan-Libye) after some strong rains. Very pure style / Statuette de grès lité excavée de tombes de personnages importants (période du néolithique) et probablement élaborée à partir d'un galet de rivière. Joy Soulé-Nan a trouvé un galet similaire dans le Ouaddi du Mathendous (Fezzan-Libye) après de fortes pluies - Style très épuré
Statuette from a group A culture grave, with some tattooing on the hips and thighs. The head like a stick reminds some rock paintings in Central Sahara / Figurine féminine d'une tombe de la culture du groupe A. Tatouages au niveau des hanches et des cuisses. La tête de type "batonnet" rappelle quelques peintures rupestres du Sahara central
Group A burial (photo Rex Keating during the Unesco campaign 1960-1968) / Inhumation d'un défunt du groupe A (Photo Rex Keating durant la campagne de l'Unesco 1960-1968)
Fighting scene on the stone Cheikh Suleiman against group A (Second cataract - 4100-2800 BC) See illustration on next picture / Scène d'affrontement sur le rocher du Cheikh Suleiman contre le groupe A (Seconde cataracte - 4100 - 2800 avant notre ère) Voir illustration sur photo suivante
Illustration from the "Nubie des pyramides", written by Joy Soulé-Nan / Illustration extraite de la "Nubie des Pyramides" de Joy Soulé-Nan
Group A ceramic pot from Aksha cemetery probably imported from Egypt to Nubia (4100-2800 before Christ) / Jarre en céramique du groupe A (4100-2800 avant notre ère) problablement importée d'Egypte en Nubie
Nubian historical periods (Francis Geus) / Grandes périodes de l'histoire de la Nubie (Francis Geus)
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Le Paléolithique supérieur (35000/12000 av. J.-C.) revêt une phase climatique sèche qui pousse les populations vers les rives du fleuve. La technologie s'adapte à ce nouvel environnement et l'outillage s'oriente vers le microlithisme. Cette industrie met en évidence des noyaux humains bien intégrés qui génèrent des séquences culturelles importantes.
Cette période se situe aux alentours de 10000 av. J.-C. et concerne la Haute-Nubie jusqu'à Khartoum. La période du Dernier Grand Humide permet le retour des steppes et une savane accueillante pour les nomades et semi-nomades. Cet environnement favorise l'apparition des premiers récipients en terre cuite pour le stockage des graines ou des aliments. En Afrique, ils sont déjà présents au milieu du IXe millénaire.
LE NÉOLITHIQUE NUBIEN
Cette période débute au Ve millénaire pour atteindre sa phase maximale aux alentours de 4500 av. J.C.. Elle s'éteint vers le début du second millénaire avant notre ère. Le Néolithique est le résultat d'une évolution continue où l'homme s'est adapté à son nouveau milieu. Ses conditions de vie lui permettent d'appliquer un mode de pensée délaissant des activités essentiellement prédatrices pour une société de production. Après des centaines et des centaines de milliers d'années, caractérisées par une évolution centrée sur l'outillage lithique, le Néolithique, qualifié de « révolutionnaire » par Gordon Childe, marque l'économique, la politique et le monde religieux. Les modes de vie et les rapports sociaux évoluent. Le climat redevient plus sec. Des groupes humains se rapprochent des points d'eau et s'implantent dans les plaines alluviales.
Dès le Néolithique, la poterie revêt un caractère de premier plan et s'observe sur une période d'un millénaire avec des spécificités propres à chaque région. C'est une explosion de formes et de décors avec des bols, des écuelles, des assiettes, des pots-bouteilles et de grands vases de "type grenier". Il faut également souligner les beaux vases caliciformes retrouvés dans les espaces funéraires, liés à certains défunts, que les sites de Kadero, de Kadruka et de El-Kadada ont permis d'étudier. Les statuettes féminines sont aussi associées au monde funéraire, en particulier celles situées près du défunt. En Haute-Nubie, elles se divisent en deux catégories : celles qui présentent une morphologie féminine et celles dont la silhouettes est suggérée comme les statuettes en grès lité qui possèdent un tel pouvoir de suggestion que l'on ressent une sorte de présence. Il n'est pas improbable que le matériau ait été trouvé dans le lit de ouadis "modelé" par le courant de la rivière. Ce genre de trouvaille "brute" a été constaté dans le Sahara libyen, dans l'ancienne rivière du Mathendous. Dans le monde funéraire, les offrandes animales jouaient un rôle important. Des crânes de bovidés furent excavés de certaines sépultures. On a retrouvé des chiens et des chèvres, mais le mouton semble avoir au Néolithique final une connotation particulière.
Les principaux se situent en Algérie, dans l'Atlas saharien et l'oued Djérat du Tassili-n-Ajjer. Ils se poursuivent dans le massif du Tadrart-Acacus, l'oued Mathendous et le messak Settafet en Libye. Ils rejoignent le Djado au Niger, l'Ouest-Tibesti et l'Ennedi au Tchad pour atteindre le Soudan. La vallée du Nil n'est pas exclue. Elle nous informe sur l'environnement des pasteurs-chasseurs-cueilleurs. Certains artistes y ont exprimé des rites et des croyances où le monde animalier est honoré, associé au genre humain dont la vie et la survie dépendent de cet environnement.
Selon Jean Vercoutter, dès la fin du VIe jusqu'au milieu du IVe millénaire, tout se passe comme si "une seule et même civilisation avait régné sur la Haute-Egypte depuis Assiout jusqu'au djebel Silsileh, où commençait le futur T3-sty (le Sud)". L'arrêt des pluies entre 5500 et 4800 av. notre ère permet aux populations d'occuper des terrasses fluviatiles, c'est l'âge d'or des petites communautés. Vers la fin du IVe millénaire, la déserfication au-dessus du 22° parallèle enferme les populations égyptiennes et de Basse-Nubie dans le couloir nilotique tandis que le Moyen-Nil et le Soudan central jouissent de zones fertiles dans les bassins d'Abri-Delgo et de Dongola, de Shendi et du Boutana.
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