L'ILE DE SAI Située au sortir du Batn el-Haggar et de la Cataracte de Dal, Saï offre une synthèse de l'histoire nubienne. Depuis le Paléolithique jusqu'à la période chrétienne, elle confirme une remarquable continuité de peuplement. Comptant parmi les plus vastes îles du fleuve soudanais (12 km sur 5.5 km), elle est dominée par le Djebel Adou. Aride dans sa quasi totalité, elle offre aux populations une bande de terre qui permet des cultures sur les bords du Nil. Au niveau de l'implantation pharaonique et de la maison de fouilles, la beauté des paysages ne laisse pas indifférent. C'est en 1954 que les premières recherches commencent sous la direction de Jean Vercoutter. L'année suivante, les autorités soudanaises demande à l'égyptologue d'accepter le poste de "commissioner for Archaeology". Il est le premier Français à assumer la direction des Antiquités du Soudan à Khartoum. A Saï, les fouilles se poursuivent jusqu'en 1956 puis de 1969 à 1981. Elles reprennent de 1993 à 2005 avec son successeur, Francis Geus, jusqu'à son décès prématuré. Au début de l'Holocène (env. -10 000 av. notre ère), le fleuve dépose des sédiments sur le pourtour de l'île, confirmant la poursuite de l'implantation du paléolithique supérieur. Cependant, l'occupation est vraiment significative à partir du IIIe millénaire av. notre ère. Au nord, le secteur de Saisab présente : - des greniers du pré-Kerma et deux cimetières du Kerma - un camp pharaonique du Moyen Empire et une ville égyptienne du Nouvel Empire ainsi qu'une vaste nécropole - une cathédrale qui reste à fouiller -un fort de l'époque ottomane. Au centre, celui de Morka confirme : - une occupation au Paléolithique moyen - une grande nécropole d'époque Kerma - une vaste zone d'habitat incluant des secteurs néolithiques et un secteur Kerma - deux cimetières du groupe X. Au sud, le secteur d'Arodin atteste : - d'un cimetière du kerma ancien et du groupe X - des habitations chrétiennes. Voir dans diaporama la carte de l'île de Saï (Francis Geus)
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Map of the main archaeological sites of Sai island / Situation des principaux sites archéologiques de l'ile de Saï
Setting-up of the egyptian town at the New Empire period, on the Sai Island / Implantation de la ville égyptienne au Nouvel Empire dans l'ile de Saï
crocodiles on the eastern side of the Nile, near Saï / sur la rive orientale du Nil, face à l'ïle de Saï
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Les zones les plus attractives pour le visiteur se situent : a) au centre de l'île avec la grande nécropole de Kerma. Dans les années 1970, Brigitte Gratien y détermine les grandes phases historiques de cette culture, grâce à l'étude comparative du matériel funéraire trouvé dans les tumuli. Certains tumuli dont le diamètre peut atteindre 40 m, se détachent parmi les milliers de tombes. Leur caractéristique est un anneau de pierres noires qui délimite le tertre lui-même recouvert de galets blancs (mêmes caractéristiques dans la nécropole de Kerma). Selon Francis Geus, certaines tombes devaient appartenir aux princes de Shaât dont parlent les inscriptions égyptiennes. Il est possible qu'à une certaine époque, le souverain de Kerma ait confié à ces princes la défense des marches septentrionales du royaume. b) au nord-est, les ruines de la ville pharaonique sont étonnantes. Sur un périmètre de 140 m sur 280 m, elle est protégée par une enceinte de 4.30 m d'épaisseur. Elle domine le Nil ce qui permettait de surveiller la navigation. Au XVIe siècle, les Ottomans tirent parti de cet emplacement pour construire, sur la partie méridionale de la ville, une imposante forteresse en brique crue. Dans le secteur sud, Jean Vercoutter met au jour des édifices égyptiens organisés selon un plan orthogonal. Dans la partie nord, du côté du Nil, il dégage une impressionnante série de dépôts de fondation qui appartenaient à un temple de la XVIIIe dynastie. c) au nord, avant de reprendre le bac pour regagner la terre ferme, le visiteur doit s'arrêter près d'une église enfouie, probablement de plan cruciforme, que les spécialistes identifient à une cathédrale. En l'état actuel des fouilles, seules quatre colonnes de granit gris émergent d'une zone couverte de fragments de briques cuites et de tessons de poterie. Francis Geus rappelle que Saï était à l'époque médiévale le siège d'un évêché. Saï est un site remarquable. Jean Vercoutter l'avait pressenti, Francis Geus l'a confirmé. Voir dans diaporama, la ville pharaonique (photo Francis Geus)
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