LES PREMIERS EXPLORATEURS Il faut attendre le monde grec et l'approche scientifique des premiers géographes pour appréhender la Nubie.
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Cependant, la Nubie resurgit des sables grâce aux marchands, aux missionnaires et aux voyageurs intrépides. Deux explorateurs marquent le XVIIIe siècle : Frédéric-Louis Norden et James Bruce. Dans les années 1737-1738, Norden parcourt le Nil des cataractes. Son Voyage d'Egypte et de Nubie permet aux lecteurs français de découvrir l'Afrique Orientale. Premier à utiliser le terme Grande Nubiade, il se préoccupe de la sauvegarde de cette région. En 1772, c'est au tour de James Bruce. Après l'Ethiopie, il explore la région située entre Sennar et Assouan et identifie les ruines de l'antique ville de Méroé. Ses écrits, Travels to Discover the Sources of the Nile in the Years 1763-73, sont publiés en 1813. Aux siècles suivants, ce sont les politiques et les militaires qui motivent les explorateurs et découvreurs. L'expédition française de Bonaparte suscite l'intérêt de l'Occident pour l'Egypte. Cet épisode transforme un éventuel affrontement en un essai de collaboration entre deux cultures, et encourage l'Egypte à descendre vers le Haut-Nil. En 1821, le troisième fils de Muhammad Ali y mène une campagne pour annexer, huit mois plus tard, un territoire contrôlé par la tribu Foung. Ce raid a un impact sur la future archéologie au Soudan, où des explorateurs, comme Frédéric Caillaud, accompagnent l'armée égyptienne. Thomas Legh, Charles Smelt, François Barthou, William John Bankes, Giovanni Finati, Belzoni, Burckhardt, entrent en scène. |
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En 1816, Frédéric Caillaud est chargé par le vice-roi d'Egypte de retrouver les mines d'émeraude du désert oriental qui avaient été exploitées sous le règne du pharaon Ptolémée VI. Deux autres Bretons l'escortent : l'aspirant de marine Pierre-Constant Letorzec et l'ingénieur officier de marine, Maurice Linant de Bellefonds. Ses quatre années de travail font l'objet d'une parution, Voyage à Méroé, au Fleuve Blanc, au-delà du Fazoql dans le royaume de Sennar, à Syouah et dans cinq autres oasis, fait dans les années 1819, 1820, 1821 et 1822. Ses travaux seront précieux pour Jean-François Champollion lorsqu'il abordera le couloir africain. Entre découvreurs, la compétition n'est pas exclue. Pour en savoir plus, cliquer ici (annexe 3)
La mission franco-toscane dirigée par Jean-François Champollion et Ippolito Rosellini fait partie des grandes expéditions scientifiques du XIXe siècle. Ce voyage (1828-1829) permet de confirmer la justesse du déchiffrement global des hiéroglyphes et d'engranger des connaissances jusqu'alors impossibles du fait de l'incompréhension de l'écriture. L'expédition étudie les temples d'Abou Simbel après avoir découvert la Seconde Cataracte, puis ceux de Basse-Nubie. Le Journal de voyage et la Correspondance de Champollion reflètent l'enthousiasme des participants. Les Lettres et Journaux sont également un régal ethnographique : on y parle du vent qui rend le Nil comme une "mer furieuse", des soupers au clair de lune et des caravaniers accompagnés de leurs esclaves. A son retour, Champollion, élu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, reçoit la chaire d'égyptologie, créée à son intention au Collège de France. Mais il ne lui reste que deux années à vivre qu'il consacre, de ses dernières forces, à la rédaction de sa Grammaire. La force du destin prend la relève avec Karl Richard Lepsius, que les frères Humboldt, personnages de l'intelligentsia allemande, protègent. Lepsius rend hommage à Champollion, camouflet pour les détracteurs du maître, en complétant son approche hiéroglyphique. Il établit une chronologie historiographique et s'attache à donner du panthéon égyptien une meilleure compréhension. Le roi Frédéric Guillaume IV finance une expédition en Egypte et en Nubie (1842-1845). Avec une méthodologie remarquable, Lepsius explore toute la région depuis Khartoum jusqu'à Assouan et, comme Champollion, rassemble une somme extraordinaire d'informations sur les monuments et sites accessibles. Il publie Monuments d'Egypte et d'Ethiopie.
Le monde féminin entre en jeu avec A Thousand Miles up the Nile d'Emilia B. Edwards, une des premières femmes à s'aventurer dans le couloir africain.
En 1902, l'administration britannique, qui allait diriger le pays jusqu'en 1956, crée le Service des Antiquités. L'année suivante, elle soumet tout travail de fouille à une autorisation préalable limitant la fuite des objets non répertoriés.
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Le XIXe siècle avait été riche en découvertes, la passion de la nouveauté ayant ouvert de grandes perspectives. Le XXe siècle ne sera pas aussi romantique, les contingences économiques influençant le patrimoine archéologique.
Sur ce sujet, consultez l'ouvrage de Joy Soulé-nan "La Nubie des Pyramides".
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