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LES ROYAUMES DE NAPATA ET DE MEROE


En Haute et en Basse-Nubie, les périodes napatéenne et méroïtique commencent à la fin du règne de Tanouétamani (656 av. J.-C.) et se terminent aux alentours du IVe siècle de notre ère. Puis, un épisode postméroïtique cède la place à un nouvel ordre, celui du monde chrétien.

La position géographique du Pays des Cataractes, permet à la Nubie de rester à l'écart des turbulences du Proche et Moyen-Orient : dans la première moitié du Ve siècle av. J.-C., les guerres médiques opposent les Grecs et les Perses tandis qu'en Egypte, l'invasion perse préfigure la domination des Lagides.

A la croisée des routes commerciales du monde méditerranéen et de l'Afrique subsaharienne, les royaumes de Napata et de Méroé reprennent le monopole des échanges. La ville d'Alexandrie et les emporia de Tripolitaine en sont les principaux bénéficiaires ; c'est par le monde hellénistique puis romain que les deux royaumes entreront dans la "modernité".

Sans renier l'acquis égyptien, les royaumes de Napata et de Méroé retrouvent des traditions millénaires en affirmant leurs propres croyances. La composante humaine, basée sur une même identité ethnique, conforte leurs racines, grâce à une langue issue du protoméroïtique du Kerma. L'introduction d'éléments "indigènes" développe deux phases historiques : le royaume de Napata (de 656 à env. 300 av. J.-C.) et celui de Méroé dont l'extinction, en tant qu'Etat, se produit au IVe siècle après J.-C., suite aux campagnes militaires du royaume d'Axoum, l'actuelle Ethiopie.


LE ROYAUME DE NAPATA

Les successeurs de Tanouétamani : Atlanersa, Senkamanisken et Anlamani (656 à 593 av. J.-C.) font de Napata, située au niveau de la Quatrième Cataracte, la capitale du royaume. Il est probable que ces derniers souverains eurent l'intention de reconquérir l'Egypte car dans l'énoncé de leur titulature, ils gardent les mentions "roi de Haute et de Basse-Egypte" . Quant au sphinx de Senkamanisken (643-623 av. J.-C.), il porte toujours le pschent, coiffe royale caractérisant l'union des Deux-Terres.

 

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Pyramids from Nuri's cemetery / Les pyramides de la nécropole de Nuri
Vestiges of Amon's Temple in the royal city of Méroé / Vestiges du temple d'Amon de la ville royale de Méroé
Vestiges of the Sun Temple, situated not far away of the old royal city of Meroe / Vestiges du temple du Soleil situé à proximité de l'ancienne ville royale de Méroé
Some pyramids at the northern cemetery of Meroe / Pyramides de la nécropole nord de Méroé
Northern cemetery of Meroe / Nécropole nord de Méroé
One of the temples of the great enclosure at Mussawwarat / Un des sanctuaires de la grande enceinte à Mussawwarat
Lion Temple of Apédémak at Mussawwarat / Temple du dieu Lion Apédémak à Mussawwarat
Amon's temple at Naga / Temple du dieu Amon à Naga
Rams alley before the temple of Amon at Naga / Dromos de béliers précédant l'entrée du temple d'Amon à Naga
Side view of the Amon's temple at Naga / Vue latérale du temple d'Amon à Naga
Greco-roman kiosk at Naga / Kiosque gréco-romain à Naga
Lion temple of Apedemak at Naga / temple du lion d'Apédémak à Naga
At Naga, on one wall of his temple, the lion god Apedemak wears the atef crown. He is protected by the god Horus. The ram horn of the god Amon ornaments his ear / A Naga, sur un des murs de son temple, le dieu lion Apédémak porte la couronne atef. Il est protégé par le dieu Horus. La corne de bélier du dieu Amon orne son oreille
At Naga, on the lion temple of Apedemak, bas-relief of Satis deity belonging to the triad of the First cataract. She wears on her head a vulture skin and the antelope horns / A Naga, sur le temple du dieu lion Apédémak, représentation de la déesse Satis de la triade de la Première cataracte. Elle porte sur la tête la dépouille de vautour et les cornes d'antilope

Le déplacement de la capitale à Méroé à la fin du règne d'Anlamani eut pour cause le raid du roi égyptien Psammétique II mais également la désertification aux alentours de Napata. La stèle de l'Election de son successeur, Aspelta, confirme ce transfert. Mais son accession au trône suggère des problèmes dynastiques.

Les stèles rédigées par les souverains, dans la meilleure tradition égyptienne, font mention de l'édification de fondations pieuses et d'offrandes faites aux divinités. Les campagnes militaires sont aussi consignées dans les Annales. La généalogie royale qui s'étale sur trois siècles et demi, reste cependant imprécise. Les rois les plus significatifs sont Anlamani, Aspelta, Iriké-Amanoté, Harsiyotf et Nastasen.

L'épouse de Nastasen, Sakhmakh, monte sur le trône et reçoit un nom d'Horus avec le titre de Kandaké, appellation réservée aux souveraines qui avaient gouverné le pays comme Nasalsa, mère du roi Aspelta.


LE ROYAUME DE MEROE

Ce royaume eut un impact important sur l'imaginaire des auteurs anciens.

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« L' île de Méroé » appelée ainsi par Hérodote, comprise entre l'Atbara, le Nil blanc et le Nil bleu, est l'héritière de cultures remontant à la préhistoire. Cette région située entre les Sixième et Cinquième Cataractes, aujourd'hui appelée Boutana, était occupée par des populations d'éleveurs. Elle jouissait d'un régime de pluies créant des zones de pâturage qui s'étendaient sur 80 km2. A la saison sèche, les Méroïtes utilisaient l'eau collectée dans les réservoirs, appelés hafiré, creusés dans le lit des rivières. Près de 800 furent repérés ; celui de Moussaouarat es-Sofra mesurait près de 6 mètres de profondeur et 300 mètres de diamètre. Cette région était propice à l'élevage et à l'agriculture. Au début de notre ère, la métallurgie du fer semble avoir tenu un rôle important.

"L'île de Méroé" inclue la capitale et son port, Ouad Ben Naga, ainsi que les villes saintes dont Moussaouarat es-Sofra. Un réseau urbain complète ces agglomérations avec Basa, el-Hassa, Hosh Ben Naga, Djebel Qeili, Khartoum et Soba.

En l'état actuel des recherches, il est malaisé de comprendre la chronologie exacte des souverains, la compréhension des règnes se limitant souvent à la seule mention des rois et reines portée sur les parois des chapelles des pyramides ou sur les tables d'offrande. D'autre part, la compréhension de l'écriture méroïtique n'a pas encore apporté un éclairage suffisant sur l'histoire de cette période. En revanche, trois personnages apparaissent sur les bas-reliefs des temples ou dans les inscriptions officielles. Il s'agit du qoré, de la kandaké (ou Candace) et d'un homme portant le titre de pqr.

De l'architecture profane, il ne reste que les vestiges de palais ou de forteresses et l'emplacement de quelques hafiré. Les palais étaient des unités économiques qui collectaient et distribuaient les produits d'une économie non monétaire, incluant les marchandises du Bassin méditerranéen. Ces édifices étaient en relation avec le domaine religieux et c'est vraisemblablement le cas des palais de la reine Amanishakhéto à Ouad Ben Naga et du roi Natakamani au Djebel Barkal.

Les souverains et la famille royale sont au coeur du monde funéraire, cependant, au IIe siècle apr. J.-C., des rituels simplifiés donnent aux particuliers une liturgie garante d'éternité. Les nécropoles de Méroé confirment l'apogée du royaume. De nos jours, le visiteur est encore impressionné par le nombre de monuments dont une quarantaine de pyramides. Une meilleure connaissance de ces édifices a été possible grâce aux campagnes de restauration lancées en 1976 par Friedrich W. Hinkel, grand architecte et nubiologue.

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Le monde divin donne une place importante à la triade thébaine composée d'Amon, de Mout et de leur fils Khonsou. Cependant, le dieu Bès et les déesses Hathor, Anoukis et Bastet font l'objet d'un regain de ferveur. Le culte d'Osiris se répand ainsi que celui d'Isis. Le sanctuaire de Philae, dans les enrochements de la Première Cataracte, est le dernier à s'adonner aux cultes antiques jusqu'au VIe siècle de notre ère et à accueillir les pèlerins venus de Nubie. Quant au dieu Dédoun, associé à l'encens, il est honoré jusqu'à la Seconde Cataracte comme étant "le Premier de la Nubie".

Il ne faut pas oublier, des divinités locales qui reçoivent un culte national avec les dieux Apédémak, Sébioumeker "seigneur de Moussaouarat", Arsénouphis, Mandoulis et Khaskhas dont les temples adoptent un plan simplifié, à savoir une ou deux pièces à colonnade protégées par un pylône de type égyptien.

Quant à l'écriture, le royaume de Méroé possède enfin son écriture aux alentours du IIe siècle av. J.-C. Depuis un siècle, les linguistes essaient de percer un idiome qui se lit mais ne se comprend toujours pas. Leur chef de file fut l'égyptologue britannique Francis Llewelyn Griffith qui publia en 1911 deux volumes des Meroitic Inscriptions dans Expedition to Nubia fixant la valeur de certains signes. Ce brillant chercheur fit une découverte surprenante : les signes méroïtiques sont tournés en sens inverse de ceux de l'écriture égyptienne. Aujourd'hui, l'école allemande s'illustre avec Karl Heinz Priese. Les Français grâce à Jean Leclant ont compilé depuis 1960 dans le Répertoire d'épigraphie méroïtique, plusieurs milliers de textes.

Au IIIe siècle av. notre ère, "L'île de Méroé" acquiert une identité à part entière avec des ramifications politiques jusqu'aux marches de l'Egypte. Elle entretient avec les souverains alexandrins des relations privilégiées tant sur le plan économique que culturel. C'est à partir de Ptolémée II Philadelphe que sont créés deux nouveaux ports sur la mer Rouge, au nom de sa mère Bérénice et situés au débouché des pistes caravanières. Le site de Soterias-Limen, l'actuel Port-Soudan, permet d'accéder à "L'île de Méroé" par le Nil ou l'Atbara. Plus au sud, Ptolémaïs-des-chasses, est un grand centre de collecte d'ivoire et d'éléphants vivants, Ptolémée II voulant en former au combat. Enfin, Ptolémée III Evergète crée dans l'extrême sud, le port d'Adoulis. L'exploitation des mines d'or enrichit les deux parties et la tradition veut que le roi Arkamani 1er ait reçu une éducation grecque par le biais de lettrés alexandrins travaillant à la cour de Méroé.

Au début de notre ère, le royaume méroïtique est à son apogée. En 23 av. J.-C., ses troupes attaquent les villes d'Eléphantine et d'Assouan. La riposte romaine ne se fait pas attendre et Pline l'Ancien relate l'expédition menée par le préfet d'Egypte, Caius Petronius. Les Méroïtes sont battus à Dakké et la forteresse de Qasr Ibrim est prise. Les troupes romaines sont-elles allées jusqu'à Napata ? La paix est signée en 21-20 av. J.-C. et la frontière est fixée à Méharraqa en Basse-Nubie.

La paix conclue avec Rome permet un essor du royaume mais la conquête de la Dacie (Roumanie) par Trajan dont les mines d'or étaient plus faciles d'accès que celles de Nubie, allait générer un mouvement commercial dont le royaume de Méroé serait peu à peu exclu. En 298, l'empereur Dioclétien ramène la frontière à Assouan suite aux razzias des Blemmyes qui, avec les Nobas, occupaient la Basse-Nubie. Au milieu du IVe siècle de notre ère, le souverain abyssin Ezana mène une campagne jusqu'au débouché de l'Atbara, ayant combattu les Méroïtes avec l'aide des Blemmyes et des Nobas.

La disparition du grand royaume a vraisemblablement plusieurs causes : l'arrivée de peuples venus du Darfour et du Kordofan qui auraient créé une capitale à Aloua, près de Khartoum, des problèmes de succession au sein de la famille royale et la prédominance des Nobas, avec pour toile de fond, une désertification de plus en plus présente entre les Sixième et Cinquième Cataractes. Cependant, si le royaume méroïtique s'est délité en petites principautés, sa civilisation a perduré jusqu'à l'émergence du christianisme, c'est-à-dire jusqu'aux alentours du VIe siècle de notre ère. Il faut y inclure une période appelée postméroïtique (entre les IVe et VIe siècles) qui retrouve des traditions du Néolithique et du Kerma avec les grands tumulus et les mises à mort rituelles. Les coutumes ancestrales reprennent leurs droits.

 

EPILOGUE

L'épisode postméroïtique clôt le destin du Pays des Cataractes et scelle plusieurs millénaires d'histoire. La Nubie, appellation étendue au cours des siècles à un territoire allant de Koubaniah jusqu'en aval de la Cinquième Cataracte, est caractérisée par sa position d'entrée et de sortie du "couloir" africain. Elle détient la clé des échanges et en particulier celle des produits indispensables au fonctionnement des rouages de l'Egypte ancienne. Elle est un passage obligé sur le plan géopolitique et culturel. Aujourd'hui, il ne nous reste que des vestiges, témoins de croyances d'un autre âge. Mais, comme l'a écrit Jean Leclant à propos de ce pays magnifique, "Au bord d'un fleuve grandiose, dans le silence d'une quasi-solitude, c'est chaque matin le spectacle fascinant de la naissance du monde avant que l'homme ne soit venu l'abîmer par ses inventions modernes".


Pour plus d'informations, consulter l'ouvrage de Joy Soulé-Nan, "la Nubie des pyramides"

 

 

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