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UN GRAND EMPIRE : LES FORTUNES D'UN GRAND ÉTAT


Le Nouvel Empire est l'une des grandes périodes de la civilisation égyptienne. La Nubie y participe grâce à ses ressources agricoles, minérales et humaines. Et durant quatre siècles (env. 1550-1050 avant notre ère) l'Egypte n'aurait pu être un grand Empire, si la Nubie n'avait contribué à sa splendeur.

Aux alentours de 1600 av. J.-C., l'Egypte est découpée en territoires contrôlés par quelques familles avec au nord de Thèbes, la domination hyksos et au sud, celle des Nubiens. La XVIIe dynastie (env. 1634-1543 avant notre ère) joue un rôle majeur dans la renaissance du pays. Elle desserre l'étau paralysant Thèbes et s'affiche dans le "Couloir" jusqu'à Bouhen au niveau de la Seconde cataracte. Cette stratégie lui permet d'étendre sa frontière méridionale et d'imposer un nouveau rapport de force dans la clé des échanges. Les souverains les plus significatifs sont Séqénenré Taa et Kamose. Ce dernier fait ériger à Bouhen des stèles où son nom apparaît pour la première fois. Il nomme au poste de vice-roi, un certain Téti, à qui il donne le titre de "Fils royal". 

 

LA XVIIIe DYNASTIE

 

Le successeur de Kamose, Iahmès 1er  (env. 1543-1518 av. notre ère) initie la XVIIIe dynastie. Il libère les villes de Memphis et d'Héliopolis. Il poursuit les hyksos dans leur fief de Sharouhen, au sud de la Palestine. La ville est mise à sac. Iahmès se tourne alors vers le sud. Il franchit la Seconde cataracte, le Batn el-Haggar et extermine les Iountyou Sétyou rappelant les exactions perpétrées envers les Groupes A et C. Iahmès franchit l'île de Saï (des blocs inscrits au nom de son épouse, la reine Ahmès Néfertari et une statue du roi y furent retrouvés). Il est possible qu'il ait ordonné la construction de la forteresse de Tombos, position stratégique en amont de la Troisième cataracte située à une vingtaine de kilomètres du royaume de Kerma.

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Quartz rock considered by Thotmès the First and Thotmès the Third as the limit of the egyptian territory / Rocher de quartz considéré comme une stèle frontière par Thotmès 1er et Thotmès III, marquant la limite fictive du territoire égyptien entre les Quatrième et Cinquième cataractes
Vestiges of Amenhotep III temple located at Soleb between the Third and Second Cataracts / Vestiges du temple jubilaire de Amenhotep III situé à Soleb entre les Troisième et Seconde Cataractes
Sedeinga temple in connection with the temple of Soleb where the queen Tyi is represented / Temple de Sedeinga associé au temple jubilaire de Soleb où la reine Tiy est présente
Egyptian settlement in Saï Island at the second millennium before Christ /Implantation égyptienne dans l'ile de Saï au deuxième millénaire avant notre ère 
Temple of Bouhen where Thotmes III is offering the nou pots (Khartoum museum) / Temple de Bouhen avec l'offrande des pots nou par Thotmès III (musée de Khartoum)
Thotmès III is standing before the god Horus (Khartoum museum) / Thotmès III se présente devant le dieu Horus (musée de Khartoum)
Thotmes III crowning's name, Men Kheper Râ carved in an usual egg-shaped form (Khartoum museum) / Nom de couronnement de Thotmès III, Men Kheper Râ, inscrit dans un cartouche (musée de Khartoum)
Vestiges of Akcha temple built under the regn of Ramsès II (Khartoum museum) / Vestiges du temple d'Akcha construit sur ordre de Ramsès II (musée de Khartoum)
Temples built by the egyptian kings at the New Empire period  along the nubian cataracts / Temples construits par les souverains égyptiens du Nouvel Empire au "pays des Cataractes"
Conquests of the egyptian kings at the beginning of the New Empire period / Conquêtes des souverains égyptiens au début du Nouvel Empire

Son fils, Amenhotep 1er  (1517-1497 av. J.-C.) lui succède et descend probablement jusqu'à la Quatrième cataracte. A-t-il noué des contacts avec les marchands du coeur de l'Afrique ?  Comme son père, il laisse à Saï des blocs inscrits et une statue à son effigie. La tradition veut qu'il ait créé la charge de "Fils royal de Koush", dénomination qui sous le Nouvel Empire s'applique au contrôle d'un territoire allant jusqu'à la Quatrième cataracte. Choisi dans l'entourage du roi, il est chargé de contrôler les régions de Haute et de Basse-Nubie. Ses fonctions administratives, militaires et religieuses lui donnent un contre-pouvoir. L'une de ses charges est l'exploitation des mines d'or de Nubie.

 

Iahmès 1er et Amenhotep 1er  meurent assez jeunes. Leur décès est-il lié à la domination de la Nubie ? Dès le lendemain de la disparition d'Amenhotep 1er, son successeur, Thotmès 1er  (env. 1496-1483 av. notre ère) est désigné. Il n'est pas d'origine royale, pas plus que son épouse, Ahmès. Dès la prise du pouvoir, l'avènement est annoncé en Basse-Nubie : à Ouadi Halfa, en aval de la Seconde cataracte, à Kouban, au débouché du Ouadi Allaqi et à Assouan. Ce type de document ne fut jamais promulgué pour aucun souverain égyptien.

Deux ans plus tard, Thotmès 1er conduit une campagne vers le Sud. La flotte égyptienne conduite par Ahmès, fils d'Abana, franchit à contre-courant la Quatrième cataracte et s'arrête en aval de la Cinquième. Thotmès 1er laisse une inscription à Kourgous sur un rock de quartz où il affirme la mainmise égyptienne. Cette région est riche en mines d'or avec Koush-sud et Ouaouat-sud. Au retour à Tombos ainsi qu'à Saï, il fait graver des inscriptions qui confirment ses victoires en Nubie. Après ce raid, on observe un regain d'activité dans les forteresses de Semna et de Bouhen. On construit à Aniba, Kouban et à Qasr Ibrim.

Voir dans diaporama, la carte des conquêtes et reconquêtes des premiers souverains du Nouvel Empire

 

Thotmès II semble constituer le trait d'union entre l'esprit de conquête des premiers souverains et leurs successeurs qui vont appliquer une politique homogène sur la vallée du Nil, depuis le delta jusqu'à Kourgous.  Fils de Thotmès 1er et d'une épouse secondaire, il accède au pouvoir quand il est encore "un faucon dans le nid". Sa demi-soeur, Hatchepsout, de sang royal, devient sa grande épouse. Thotmès II commandite une expédition militaire au pays de Koush où tous les habitants mâles sont massacrés, sauf le fils d'un prince qui est ramené vivant. Il construit également dans les forteresses de Semna, de Koumma et laisse son nom à Napata dans le temple d'Amon du Djebel Barkal. A son décès, Thotmès III,  le fils qu'il avait eu avec une femme nommée Isis, est encore un enfant. Hatchepsout le reconnaît roi mais doit assumer le pouvoir.  Il est indispensable pour l'Egypte de présenter des icônes garantes de la stabilité de ce "nouvel empire" dont l'étendue et les intérêts sont importants. Hatchepsout est donc le premier souverain à diriger, après son père et le court règne de son époux Thotmès II, un territoire qu'aucun roi égyptien n'avait connu avant elle. Elle prépare son neveu et beau-fils à devenir un grand roi.

Selon Claude Vandersleyen, Hatchepsout et Thotmès III initient  pour la première fois dans toute l'histoire égyptienne "une vraie corégence où les deux souverains règnent simultanément". Au regard de ses actions et de ses choix politiques, Hatchepsout permet à Thotmès III d'être le premier grand souverain du Nouvel Empire. Les termes "d'usurpatrice" ou de "marâtre" sont à réviser au regard d'une connaissance réelle de l'histoire. (Voir l'ouvrage de Joy Soulé-Nan, La Nubie des Pyramides, pages 187, de 196 à 201 incluse). A Saï, elle poursuit les travaux des rois précédents, construit un temple dédié à Horus dans la forteresse de Bouhen, des chapelles à Qasr Ibrim et fait une expédition au pays de Pount pour y chercher le fameux encens.

Deux mois après le retrait d'Hatcheptsout de la scène politique, Thotmès III effectue une première campagne au Naharina, l'actuel Liban. Durant vingt ans, il mène chaque année une expédition militaire en Asie. On s'interroge : pendant ses absences, qui dirige le pays ? La huitième expédition est importante : une stèle déposée par Thotmès III dans le grand temple d'Amon du Djebel Barkal fait mention que le dieu Amon de Napata donne au souverain égyptien la royauté sur la Haute et la Basse Egypte, et que le dieu Amon de Thèbes lui octroie la souveraineté sur tous les pays étrangers. La primauté du dieu Amon nubien de Napata sur celui de Thèbes pose la question de l'origine de cette divinité. A partir de son règne, de très nombreuses constructions seront réalisées par les souverains égyptiens.

Voir dans diaporama, la carte des temples construits par les souverains du Nouvel Empire au "pays des cataractes"

 

Parmi les rois de la XVIIIe dynastie, il convient de mentionner le règne d'Amenhotep III, l'un des plus brillants du Nouvel Empire. Les temples de Soleb et de Sedeinga sur le Moyen-Nil font partie des édifices qu'il fait ériger pour illustrer sa divinisation de son vivant. Le règne de Toutankhamon poursuit l'exploitation des ressources et l'acculturation des populations nubiennes. Le décor de la tombe du vice-roi Houy, sur la rive ouest de Thèbes, confirme les immenses richesses exploitées dans le Sud. Les fouilles archéologiques révèlent également des implantations coloniales qui se succédaient tous les 30 kilomètres entre les Troisième et Quatrième cataractes.

 

 

LES XIXe et XXe DYNASTIES

 

La Nubie est marquée par l'émergence de la lignée familiale des Ramsès. En l'an 8 de son règne, le souverain Séthi 1er  mène une expédition sur le Moyen Nil en Haute-Nubie. Deux stèles retrouvées à Amara-ouest et à Saï rapportent cette campagne : les rebelles sont massacrés ou capturés et les puits confisqués. Les avancées de la désertification ont probablement poussé les populations des régions d'Irem à annexer des points d'eau. Le règne des Ramessides est touché par des problèmes hydrauliques (crues, sécheresse en expansion) sur le Pays des cataractes mettant en jeu la richesse et la stabilité du Nord.

Son fils, Ramsès II, divin de son vivant doit influer sur la crue. Il repousse la symbolique du grand gouffre primordial, de la Première cataracte à Abou Simbel en aval de la Seconde. Au débouché de ce méga gouffre des eaux primordiales, ses deux temples spéos bénéficient de la puissance du monde chtonien et de la force du Nil.  La Basse-Nubie est scandée d'hémi-spéos plus petits qui renforcent l'énergie de l'inondation. Sous Ramsès II, la priorité des vice-rois est l'approvisionnement en or, mais à Koush la production commence à décliner. Ce phénomène va en s'accentuant jusqu'à la fin du Nouvel Empire (env. 1050 av. notre ère).

Le successeur de Ramsès II, son treizième fils Mérenptah, affronte des troubles tant en Egypte qu'en Nubie. Des atrocités sont perpétrées sous le "Fils royal" Messouy. Elles ne peuvent aujourd'hui s'expliquer que par un raz-de-marée humain qui fuyait la désertification au niveau du grand fleuve, le Ouadi Howar en aval de la Quatrième cataracte.

A partir du règne de Séthi II, les rivalités familiales s'affichent au grand jour. Seul Ramsès III, permet à l'Egypte du Nouvel Empire de briller de ses derniers feux. La Nubie est toujours sous domination mais un complot ourdi par le harem royal confirme des problèmes dynastiques. Un général et un commandant de Koush, chef des archers, dont la soeur faisait partie du cercle royal sont impliqués. L'armée est prête pour un putsch et la Nubie s'affirme comme un contre-pouvoir politique.

Sous la domination égyptienne, certains territoires se sont constamment révoltés. Réputés pour leur courage et leur esprit d'indépendance, les Nubiens ont voulu, d'une façon récurrente, retrouver leur autonomie et leurs biens. Les fortunes d'un grand empire avaient leurs limites, elles furent atteintes sous les derniers Ramessides.

 

Sur ce sujet, consultez l'ouvrage de Joy Soulé-Nan "La Nubie des Pyramides".

 

 

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