SEDEINGA Certains textes méroïtiques mentionnent des dieux, des dignitaires et des prêtres d'Atiye. Selon Audran Labrousse, Atiye perpétue le nom donné par les Egyptiens du Nouvel Empire à un lieu qui s'appelait : Hout Tiy (hwt Tiy), le temple de la reine Tiy. Il est encore appelé de nos jours, Adeye (Atiye) ou Sedeinga. Le site comprend les vestiges d'un sanctuaire créé pour le souverain Amenhotep III et son épouse, la reine Tiy (env. 1391-1354 av. notre ère), une grande nécropole napatéenne et méroïtique (VIIe av.-Ve sièce ap. J.-C.) et les traces d'une implantation chrétienne (VIIe-XIIe ap. J.-C.). Selon le préhistorien, Jacques Reinold, Sedeinga est attesté dès le Néolithique. Une vaste nécropole s'étend sur près d'un kilomètre du nord au sud, à l'ouest du Temple. Le temple de la reine Tiy (Hout Tiy) Les fouilles de Michela Schiff Giorgini débutent en 1963. Dans une zone aujourd'hui désertique, le temple n'est plus qu’un amas de blocs de grès d'où émerge une seule colonne au chapiteau hathorique. Le fût cannelé porte sur deux côtés le nom de la reine. Le Hout Tiy est associé à celui de Soleb qui se trouve à environ 15 km plus au sud. A mi-chemin, le spéos du Djebel Docha, sanctuaire rupestre creusé dans une montagne au bord du Nil, atteste de la présence égyptienne dès Thotmès III. Les recherches de la Mission Archéologique Française de Sedeinga confirment qu'aucune construction n'a été érigée avant le Hout Tiy. Le temple orienté est-ouest semble avoir été précédé d'une colonnade. D'après les dessins de R. Lepsius, la salle hypostyle comprenait seize colonnes à chapiteau hathorique. Au fond, vers l'ouest de la salle hypostyle, une porte devait conduire à une antichambre qui donnait accès à trois sanctuaires. Selon Audran Labrousse, l'iconographie des bas-reliefs semble en rapport avec la montée royale et l'intronisation du souverain Amenhotep III. Le linteau de la porte qui menait du vestibule à la salle hypostyle est unique. La publication de E.A. Wallis Budge en 1907, montre au registre supérieur, la reine Tiy au corps de lionne en position de marche et un visage humain portant un modius (coiffe circulaire parfois surmontée d’une couronne) similaire à celui que portera la reine Nefertiti. Le registre inférieur est orné de trois cartouches surmontés de plumes de Maât : le nom de la reine est entouré de ceux d'Amenhotep III (Neb Maât Ra). Parmi les blocs, deux scènes de la course rituelle du roi rappellent la fête Heb-Sed. Comme à Soleb, on adore le dieu Amon et l'image divinisée du roi Amenhotep III. La reine y est associée sous la forme de la déesse Hathor. A l'époque napatéenne et méroïtique, c'est peut-être dans le Hout Tiy que l'on a vénéré la déesse Isis et le dieu Horus.
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Ruins of Sedeinga temple situated in the northern part of Soleb. It is dedicated to the queen Tiy who is therefore associated to the divin nature of her husband Amenhotep III / Ruines du temple de Sedeinga situé à une quizaine de km au nord de Soleb. Il est dédié à la reine Tiy qui est ainsi associée à la nature divine de son époux Amenhotep III
Architrave of the antique Sedeinga temple with the cobras, symbol of protection (apotropaic function) / Architrave de l'ancien temple de Sedeinga avec les cobras dressés, symbole de protection (fonction apotropaïque)
View over the napatean cemetery in the western part of the Sedeinga temple / Vue sur la nécropole napatéenne à l'ouest du temple de Sedeinga
Napatean cemetery situated in the western part of the temple of Sedeinga / Nécropole napatéenne située à l'ouest du temple de Sedeinga
Grave of the napatean cemetery of Sedeinga. On the front rank : the stairs leading to the funeral rooms. On the surface : ruins of the offering chapel and the pyramid-shaped structure / Tombe de la nécropole napatéenne de Sedeinga. En premier plan : la descenderie qui conduit aux salles funéraires. En surface : les arasements de la chapelle d'offrande et de la structure pyramidale
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La grande nécropole napatéenne et méroïtique (VIIe av.- Ve ap. J.-C.)
Cette nécropole de plus de 200 tombes, s'étend au nord du Hout Tiy. Elle franchit deux ouadis et couvre plus de 600 m vers le sud et 200 m d'est en ouest. La superstructure des tombes, élaborée en brique crue ou en schiste noir était de forme pyramidale. La hauteur, à forte pente, pouvait atteindre 3 à 9 m de côté. Orientées est-ouest, on accédait au caveau par une descenderie qui pouvait atteindre 17 m de longueur. Certains complexes possédaient dans leur substructure une antichambre et un caveau. Lorsque le terrain était trop fragile, le caveau prenait la forme d'un puits recouvert d'une voûte en brique crue supportant un remplissage. Les fouilles ont révélé des inhumations modestes : des tombes-sabots lorsque le défunt était disposé dans une petite niche creusée dans le caveau, ou des tombes à fosse latérale, lorsque le défunt était allongé sur le grand côté du puits. Le matériel funéraire comprend, outre quelques fonds de cercueils en bois, des éléments de linceuls en résille de perles, de la céramique et des brûle parfums. Il a été retrouvé de nombreux flacons, des flûtes, des coupes caliciformes et des récipients globulaires. Les plus beaux restent une paire de flûtes à pied en verre bleu rehaussé d'or représentant Osiris assis sur un trône. Des porteurs d'offrandes défilent devant lui. Il est écrit en grec : Bois (pour) vivre. Sans doute une référence au dieu de la résurrection, Osiris, qui dès la plus haute Antiquité est considéré le dieu du vin. En 1963, un groupe de neuf pyramides situées à environ 500 m du Hout Tiy, intriguent les chercheurs. Elles recouvrent des sépultures néolithiques sur le point le plus haut du site. La plus importante ( 9.80m de côté) en schiste noir, possède sur une assise de jambage de porte, le nom et la silhouette de Taharqa. Le caveau est pillé mais présente encore les restes d'un défunt de sexe masculin âgé d'une cinquantaine d'années. Quelques feuilles d'or confirment un riche mobilier. Interrogation d'Audran Labrousse : s'agit-il de la sépulture du souverain ou celui-ci a-t-il été inhumé à Nuri comme le pense Reisner ? Le jambage de porte est peut-être un remploi d’un bloc appartenant à un édifice construit dans le Hout Tiy sous Taharqa. L'implantation chrétienne (VIIe -XIIe siècle) Les fouilles ont révélé au sud du Hout-Tiy, devant une longue veine de quartz qui semble une muraille, une implantation de l'époque chrétienne : situés près d’une petite église, des vestiges en brique crue pourraient correspondre à un couvent. Le cimetière prolonge, vers le sud, la nécropole napatéenne et méroïtique.
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